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Conteur de chimères

Symposium Barrachoa, Carleton, Québec 1997


Résistances (trans)lucides

Ce monde est suspendu […] et irréductible, fragile et fulgurant.
André Du Bois

En un équilibre sans cesse déporté, le poids de l’œuvre semble reposer tout entier sur de frêles structures qui découpent l’espace et rendent en quelque sorte le vide solide. Ainsi, les échafaudages asymétriques du Toit du monde et de l’Oeuvre au jardin portent une masse de pierres et de verre; Le conteur de chimères défie la gravitation et tire le cou vers le ciel; les diverses Créatures dressent leur filiforme fierté; la matière des oeuvres écroulées subsiste, transformée dans et par l’environnement; tension et attention s’inscrivent dans les courbes des abris. Dans l’insistante présence des corps qui vacillent, tout se passe comme si l’œuvre irréfragable du temps et la subversion contenue de l’espace installaient en s’équilibrant une forme qui n’est ni celle de l’absolu, ni celle de la finalité de l’art, mais bien celle de sa mobilité et de sa discrète obstination à être. Alors la lecture, comme déjouant les pièges de la référence, confirme l’arbitraire du signe et laisse perdurer l’immanence : cette résistance qui impose par les pleins et les déliés qui la tissent comme un code calligraphique de la lucidité. 

Marie Bélisle

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